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10 ans, ça se fête !

Le pôle Realis, la pépinière régionale dédiée à l’entrepreneuriat engagé, a fêté ses 10 ans le 4 octobre dernier lors d’une soirée éco-responsable.

Depuis sa création en 2013, RÉALIS a accompagné plus de 100 entreprises sociales et solidaires, leur offrant un soutien personnalisé pour se structurer et se développer.

Vue extérieure du Pôle REALIS

« Comment ces entreprises développent leurs activités et démultiplient leurs impacts positifs, grâce à l’accompagnement de RÉALIS ? ». C’est à cette question qu’a souhaité répondre RÉALIS, pépinière régionale dédiée aux entreprises engagées.

L’étude, qui s’appuie sur une méthodologie rigoureuse combinant données quantitatives et qualitatives, donne à voir l’impact de l’action de la pépinière non seulement sur les entreprises accompagnées, mais aussi sur le territoire.

L’objectif : valoriser la dynamique d’accompagnement du pôle mais aussi regarder collectivement le chemin parcouru, afin de mieux se projeter dans la prochaine décennie.

10 ans d’engagements concrets

 Magali Chouvion, Marie Meunier, ancienne conseillère régionale ESS, Céline Combes, responsable du service ESS de la région Occitanie, Simon Cossus, directeur général Enercoop LR «  L’idée d’un pôle dédié à l’économie sociale et solidaire a vu le jour en 2008, alors que j’étais conseillère régionale, se souvient Marie Meunier, en charge de l’ESS au moment de la naissance de Realis et désormais présidente de l’association Faire-ESS. Un projet politique au sens noble du terme, imaginé avec la communauté ESS -CRESS, URSCOP, France Active Airdie…-, que nous avons porté ensemble avec opiniâtreté et constance jusqu’à Bruxelles ! » se souvient-elle lors de la table-ronde d’ouverture de ce 10e anniversaire. Céline Combe, responsable du service ESS de la Région Occitanie, a également participé à l’aventure dès sa création, en tant que responsable de Realis entre 2013 et 2019 : « C’était un sacré pari en termes d’innovation publique, tant avec la construction de ce bâtiment que sur l’offre d’accompagnement dédiée aux entreprises de l’économie sociale et solidaire. C’était l’outil attendu en région, la brique structurante et manquante après la création du premier incubateur d’innovation sociale -Alter’incub-  ».

Un réseau porteur de sens

De l’idée initiale du projet à sa réalisation, s’en est suivie une démarche inclusive avec les acteurs du territoire. Didier Tcherkachine, directeur associé de Terre d’avance, témoigne également : «  En 2012, Terre d’avance a réalisé une étude stratégique, afin d’envisager les conditions de fonctionnement du pôle, de déterminer quelles entreprises cibler, organiser les espaces du lieu et son offre de services. Le conseil régional a pris la décision de porter la maîtrise d’ouvrage, afin de créer un lieu pour les entrepreneurs de l’ESS durant les premières étapes de la vie de leur entreprise et d’en faire un centre de ressources ».
Interrogé sur l’entrée d’Enercoop au sein de Realis, Simon Cossus, le directeur de la coopérative sur le territoire, raconte : «  En décembre 2013, notre Scop était basée dans un local à Montpellier, dans le quartier Près d’Arènes. L’idée d’avoir de vrais bureaux, avec des entreprises qui portent les mêmes valeurs, de participer à un réseau porteur de sens nous a séduit. Et nous avons tissé un lien de confiance avec la Région, qui nous a permis de développer l’énergie renouvelable solidaire sur le territoire. » L’Occitanie est ainsi devenue la première région en matière de projets d’énergie citoyenne.

Realis : un impact chiffré

Afin de mesurer l’impact de l’accompagnement du pôle sur les entreprises, la pépinière a mené une étude auprès d’entreprises engagées à ses côtés. « Parce que le pôle ne cesse de rappeler aux structures accompagnées combien il est important de mener des études d’impact sur leurs actions, nous nous devions au bout de 10 ans, de réfléchir à ce que nous avons réalisé pour envisager l’avenir. Notre méthodologie s’est basée sur les données de nos 104 entreprises accompagnées en 10 ans.  », détaille Camille Massol, responsable du pôle REALIS. Une enquête qualitative a ainsi été réalisée à travers 40 questions posées. Objectif : évaluer les points déterminants, l’impact direct et indirect de l’accompagnement auprès de ses parties prenantes, entreprises et partenaires. Une enquête quantitative, composée de 80 questions ouvertes à choix multiples, a notamment évalué la progression des entreprises en termes d’engagement, leur montée en compétences, les données économiques et emplois sur les 10 années…

Les résultats statistiques obtenus ont permis de démontrer l’efficacité du modèle Realis, dont voici les principaux enseignements :

1. RÉALIS développe et pérennise l’activité
• Leur taux de pérennité à 5 ans est de 93% (87% à 7 ans), un résultat bien supérieur à la moyenne nationale pour les startups et jeunes entreprises ;
• Elles reconnaissent dans leur très grande majorité la capacité de RÉALIS à les sou-tenir moralement, à développer leurs compétences, à développer leur réseau, à ac-croître leur visibilité ou encore à développer leur activité.

2. RÉALIS structure et renforce l’engagement
• 76% des entreprises accompagnées estiment avoir progressé en matière d’engagement social et/ou environnemental ;
• 58% d’entre elles considèrent que l’accompagnement a contribué à faire évoluer la place des salariés.

3. RÉALIS accroît les impacts positifs pour le territoire et la société
• 100% des entreprises accompagnées poursuivent un ou plusieurs objectifs d’utilité sociale et répondent à des enjeux sociaux, environnementaux ou sociétaux ;
• Elles ont créé et maintenu 700 emplois depuis 2013 ;
• 72,5% privilégient les contrats à durée Indéterminée pour embaucher leurs salariés ; 26% ont privilégié le recrutement de personnes en insertion ;
• Même si c’est plus difficile à quantifier, ces entreprises, en se donnant pour mission de relever des défis sociaux, environnementaux et sociétaux, évitent des dépenses et des surcoûts à la collectivité.

Plus d’infos : retrouvez l’ensemble de l’étude d’impact ici

REALIS : Quel impact aujourd’hui ?

Alors finalement, quelle est la recette Realis ? En quoi consiste cet accompagnement singulier, comment se met-il en place ?

Muriel Chimbert, chargée d’accompagnement précise : « Lors de notre étude, nous avons essayé de comprendre comment la question de l’engagement est apparue au sein des structures. En les interrogeant, nous avons identifié que cette notion était déjà maîtrisée par les entreprises, puisque celles-ci sont une mission intrinsèquement liée à la création de valeur sociale et environnementale. En revanche, il faut les aider à communiquer sur cet axe fort, à davantage le valoriser. On les accompagne aussi sur le modèle économique, la recherche de financements mais également sur le management et la gouvernance ». Gouvernance participative, recrutement plus humain, autant de points sur lesquels toutes et tous recherchent conseils et innovations. « C’est aussi le lieu pour découvrir tous les financements possibles auxquels peuvent prétendre les entreprises. Nous les orientons vers les dispositifs les plus appropriés. », poursuit Christian Couret, chargé d’accompagnement.

Soutien moral et montée en compétences

Au cours de l’accompagnement RÉALIS, 84% des structures estiment avoir développé leurs connaissances et compétences sur la stratégie durable et 82% sur la formalisation de leur gouvernance.

Zoom sur Cécile Couraud, qui a construit à Pézenas le projet Re’n’art (ressourcerie – friperie – jardins partagés), incluant une programmation culturelle.
«  Je voulais un lieu qui réunisse tout le monde. Un lieu décloisonné, intergénérationnel où faire vivre la mixité sociale et la culture. Lorsque les gens viennent à la ressourcerie, à la friperie, au restaurant ou dans les jardins partagés, qu’ils y viennent par nécessité ou par conviction, le résultat est le même.  »

Pour aborder les problématiques actuelles dans une approche globale, Cécile Couraud lance son idée d’un lieu respectueux de l’humain comme de l’environnement en 2017, suivi par un collectif de 18 personnes. A vocation socio-environnementale, l’objectif est de réduire les déchets enfouis sur le territoire, de tendre vers le circuit court, de tisser du lien social. Tout en menant des actions d’insertion, des ateliers et une programmation culturelle… « Les débuts furent difficiles en plein confinement. Realis a été très présent dans la recherche de financements. RH et modèle économique m’ont été appris grâce aux précieux conseils du pôle, qui m’a fait monter en compétences sur ces axes. « Nous nous situons au carrefour du social et du réemploi, cet engagement nous a valu d’être lauréat du trophée de l’innovation sociale de l’Hérault.  »

Lors des échanges, Léa Egret, co-gérante de Compostons, SCOP suivie par Realis dont l’activité consiste à sensibiliser et former les citoyens et professionnels à la réduction et la gestion des déchets, illustre l’importance de l’accompagnement : « Nous devions développer notre réseau de traitement des déchets au niveau régional et national et parallèlement gagner la confiance des grands groupes. C’est là que nous avons appelé à l’aide Christian, notre chargé d’accompagnement : nous devions signer avec Suez et il nous fallait des conseils juridiques ! ». REALIS répond ainsi avec réactivité aux besoins immédiats et stratégiques des entrepreneurs.

Des entreprises créatrices d’emplois durables et non délocalisables

«  Nous recrutons des gens sans emploi, pour leur permettre de vivre de leur activité  » reprend le co-dirigeant d’Escapad, Tupac Soulas, coopérative d’entrepreneurs des services à la personne basée à Montpellier. «  Notre entreprise compte déjà 25 entrepreneurs en son sein mais reste une jeune structure. » La Scop offre des services mutualisés à prix coûtant. L’argent qu’elle reçoit sert à financer son fonctionnement, c’est-à-dire à décharger les entrepreneurs des questions comptables, juridiques et fiscales.

Des projets viables qui essaiment sur les territoires.

La parole à Cécile Martignac, dirigeante de la MEEX, qui s’est lancée dans un projet associatif innovant : pilotée par des parents et des professionnels, l’association MEEX expérimente depuis 2016 des services et soins de proximité en milieu rural pour prévenir, détecter et accompagner les enfants avec des troubles du neurodéveloppement et des apprentissages.

« Nous étions un OVNI, Alterincub et Realis ont cru en nous. L’accompagnement nous a notamment permis de bâtir un modèle économique crédible, d’avoir un soutien, afin de travailler aujourd’hui sur notre changement d’échelle. Déjà 6 territoires nous sollicitent ! Alors oui, nous avons été de très gros consommateurs d’accompagnements par Realis sous toutes ses formes. Mais cette dynamique paie puisque depuis cette année, nous sommes lauréats de la fondation « La France s’engage » et cela va nous permettre de démultiplier nos actions sur les territoires. »

Écologique, économique et sociétal !

100% des entreprises accompagnées poursuivent un ou plusieurs objectifs d’utilité sociale et répondent à des enjeux sociaux, environnementaux ou sociétaux
52% des entreprises répondent aux enjeux de l’environnement et de l’économie circulaire

Tribune à Sophie Graziani-Roth, la co-fondatrice d’Oc Consigne, entreprise qui promeut la consigne de verre en Occitanie. Elle a débuté sa carrière dans le marketing touristique, avant de retrouver du sens avec ce projet coopératif.

« Je cherchais un métier passion. Oc’Consigne, ce n’est pas juste une entreprise, cela représente un nouveau mode de consommation. Dans ma vie personnelle, j’étais impliquée, en recherche d’un impact environnemental positif. J’ai débuté comme bénévole dans le projet avec Anne-Claire Degail, co-fondatrice elle-aussi. Toutes mes compétences acquises étaient utiles au projet. Realis nous a aidé à nous structurer lors des moments charnières de notre développement, pour se recentrer sur l’essentiel. Ce regard nous a apporté également une expertise technique, pour structurer nos dossiers auprès des banques et faire aboutir nos projets de développement.  »

Les deux co-fondatrices reprennent l’association en 2020, pour la transformer en coopérative dès 2021. Leur usine de lavage de verre voit le jour en 2023. « Nous n’avons pas de recette miracle pour faire avancer le réemploi du verre. Il faut que la production change, que l’on accepte de développer des bouteilles standard. Pour cela, les consommateurs doivent accepter une consommation plus sobre. Il faut 4 litres d’eau pour fabriquer une bouteille de 75 cl, quand notre machine en consomme moins de 75 cl pour la nettoyer. » Selon l’ADEME, 86% des emballages en verre ont été recyclés en France en 2018. Or le lavage et la réutilisation d’emballage de verre nécessitent un quart de l’énergie et la moitié de l’eau utilisée lors de leur recyclage (transport, refonte, fabrication). « Nous ne luttons pas contre le recyclage. Ces deux activités sont complémentaires », prévient-elle. Les co-fondatrices soulignent l’implication des professionnels de la filière (vignerons, brasseurs…) et les nombreux points de collecte déjà développés dans la région, même si beaucoup reste à faire. « L’urgence est globale. Nous serions allées beaucoup plus vite avec une SA mais le statut de SCIC répond aux valeurs de ce projet de société. »

Réseau et coopération

Elles coopèrent pour maximiser leurs impacts dans la filière du BTP et réemploi

La parole à Sophie Costeau, Directrice de la Grande conserve (plateforme de réemploi des matériaux de construction). Elle dirige cette entreprise qui dispose d’une plateforme de 2000 m2 située à Lodève. On y vend notamment des matériaux à moitié prix pour le grand public.

« Je n’imaginais pas monter mon projet toute seule et je voulais bénéficier d’une structure cohérente avec le projet, souligne Sophie Costeau. J’ai rencontré Muriel Chimbert de Realis, qui a analysé mon projet. Elle me voyait bien accompagnée par le pôle sur le volet réemploi des matériaux de construction car la pépinière n’avait aucune entreprise dans ce domaine. En 2020, REALIS a trouvé les financements pour l’étude de faisabilité. Les résultats de cette analyse m’ont conforté et permis de créer des liens avec les territoires, d’identifier les besoins.
Cette étude m’a donné une légitimité dans ma démarche
 ».

Au fil du développement de son projet, cette cheffe d’entreprise découvre le secteur de l’insertion : « Je ne connaissais pas du tout le milieu de l’insertion. J’ai suivi toutes les formations intéressantes et qualitatives du pôle. C’est ainsi que je me suis formée comme encadrante technique, pour comprendre de quoi il s’agissait. Aujourd’hui sur 6 salariées de notre association, deux sont en insertion et j’ai recruté un encadrant technique pour les accompagner. Me sentir formée et être entourée dans une démarche de coopération, de réseau change la donne. Sans REALIS, ses chargés d’accompagnement, sans tout ce réseau, je ne serais pas là où j’en suis. »
Et l’avenir semble donner de belles perspectives à l’entreprise : « Eiffage et d’autres grands groupes sont en demande si nous garantissons les matériaux fournis. C’est possible sur certains produits. » Comme quoi, l’ESS peut offrir des solutions concrètes aux grandes entreprises…

Des entreprises dont l’activité contribue à réduire les coûts pour la société

« Ce que l’on peut apporter comme regard c’est qu’en période de contraintes budgétaires, soutenir l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et les achats responsables permet aux collectivités de réaliser des économies, en évitant des coûts liés à la gestion des déchets, la dépollution, le chômage et l’exclusion sociale. Ces initiatives favorisent une utilisation plus efficace des ressources, la création d’emplois locaux et la réduction des dépenses sociales, contribuant ainsi à alléger la pression sur les finances publiques. », annonce Camille Massol lors des échanges avec les entrepreneurs.

Démonstration avec Cécile Martignac, de la Meex : « Un décrochage scolaire coûte à la société 250 000 euros par enfant. Imaginez le chiffrage à l’échelle d’un établissement scolaire d’un décrochage massif. C’est pourquoi on a développé une méthode de mesure d’impact, en objectivant les progrès réalisés par les enfants et leurs familles, et démontrer ainsi qu’avec notre accompagnement nous réduisons les coûts pour la société. »

Même dynamique avec Anne-Claire Degail, co-fondatrice d’Oc Consigne, avec une baisse significative des coûts environnementaux, : « Selon l’ADEME, seule 80 % d’énergie primaire est économisée grâce au réemploi, par rapport au recyclage. Il y a également une réduction de 75 % pour les émissions de CO2 grâce à la consigne et plus de 50 % d’eau utilisée en moins. »

Léa Egret, co-gérante de Compostons poursuit : « Imaginez qu’un tiers de nos aliments finissent encore dans nos poubelles grises pour être transportés, incinérés… alors qu’avec qu’avec la solution du compostage des biodéchets que nous proposons, on crée du lien social, de l’éducation à l’environnement et du compost également ! »

Grâce aux solutions proposées par ces entrepreneurs de l’ESS, ces nombreux coûts évités apportent bel et bien des bénéfices sociétaux démontrés !